TÉMOIGNAGE
Je ne savais pas que j’étais hypersensible jusqu’au moment où on commence à en parler sur le web, il y a quelques années. Je pensais que j’étais une personne forte et qui savait gérer toutes les situations que ça soit de stress ou non. Je pouvais assumer des rôles et des tâches qui n’étaient pas les miennes.
Ensuite, en me renseignant sur le sujet, car je pensais avoir un ami qui hypersensible et je voulais comprendre comment l’aider au mieux, je me suis aperçu que je cochais toutes les cases ! Quelle ironie.
Pourtant dans mon comportement quotidien rien ne laissait transparaitre ce que j’avais au fond de moi. Au fur et à mesure de lectures et d’enquête auprès de mes proches, je me suis rendu compte que j’avais développé plusieurs stratégies pour éviter de me laisser aller.
Car durant toute mon enfance j’ai entendu « Arrête de pleurer », « Elle pleure pour un rien celle-là ! », « ne montre pas tes émotions ce n’est pas bon », « si tu continues à être comme ça, personne ne t’aimera ! ».
En ayant mis les choses en évidence, je me suis souvenue et j’ai compris que je m’étais adaptée à mon environnement et construit d’autres comportements afin d’être acceptée. D’être aimée.
Et qu’est-ce que cela m’a apporté au final ? Car en faisant le bilan de mes dernières années, j’ai perdu beaucoup d’amis, car auparavant je « devais être », je « devais faire » et ne rien montrer pour être aimée.
En prenant conscience de ça, je me suis reconnectée à mes sensations, à ma sensibilité. Je voyais que je me « maltraitais » en m’imposant des choses qui ne m’allaient pas.
Je ne supporte pas le bruit, les foules, si une personne parle d’un évènement triste ou choquant, j’ai l’impression que ça m’arrive. Quand je vois la misère, je détourne le regard, pas parce que je m’en fous, mais bien parce que je refuse de voir que cela me touche à ce point.
En bref, je ne suis pas l’image de l’hypersensible « classique » décrite dans les livres ou les conférences, mais une version qui s’est adaptée d’une autre façon.
Le résultat est le même, l’incompréhension des autres, la souffrance intérieure que je ne voulais pas voir par peur de ne plus être aimée par les autres.
J’ai rencontré d’autres personnes dites « hypersensible » et les comportements sont différents, mais la base reste la même. Dans le sens où, la façon dont elles perçoivent leurs réalités et leurs émotions est pareil à la mienne. Sauf que moi j’avais ces croyances de « ne pas », « il faut cacher », « pour être aimé, ne fais pas ça ».
Je me rends compte qu’au final il y a beaucoup de personnes hypersensibles qui se « cachent » derrière des comportements pour s’adapter à leur environnement. Cela est une bonne chose, mais si nous passons toute notre vie dans cette condition n’est-ce pas se fermer des possibilités de vivre ?
Aujourd’hui, je souhaite garder quelques comportements, car cela fait aussi partie de moi. Et pouvoir me dire que j’ai le droit de ressentir certaines choses de manière « différente » de la moyenne. Enfin, je pense plutôt qu’il existe autant d’êtres humains que de façon de voir, de faire et d’être dans ce monde.
Malaïka, 37 ans.